Généalogiste en France et au Portugal

Lisbonne au 16e siècle

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J’ai lu récemment un intéressant article de Nicolau Ferreira dans le journal Publico à propos du livre de deux historiennes, Annemarie Jordan Gschwend et Kate Lowe, intitulé The global city. On the streets of the renaissance Lisbon.

Je fais un petit résumé pour ceux qui ne lisent pas le portugais : le point de départ du livre est la découverte en 2009 dans un manoir de l’Oxfordshire de deux tableaux peints entre 1570 et 1620 par un artiste hollandais anonyme. Très rapidement les deux chercheuses ont eu la certitude de se trouver face à une représentation de la Rua Nova dos Mercadores de Lisbonne.

Les deux oeuvres (qui devaient n’en former qu’une au départ) montrent plus d’une centaine de personnages, hommes, femmes, enfants, noirs, blancs, riches, pauvres qui, par petits groupes discutent, travaillent, jouent, montent à cheval… C’est une rue grouillante de vie avec en arrière-plan des maisons de deux ou trois étages surmontant des arcades au rez-de-chaussée.

Nous sommes donc devant un témoignage de la ville globale qu’était Lisbonne à cette époque, carrefour du commerce de produits provenant d’Orient, d’Afrique et d’Amérique. Et ce témoignage est extraordinaire car une grande partie de Lisbonne a été ravagée par le terrible tremblement de terre de 1755. Les auteurs sont allés chercher des documents officiels, des inventaires qui ont permis de connaître ce qui se trouvait dans ces maisons, des témoignages de l’époque, des objets… qui donnent une image concrète de la vie dans cette rue à cette période.

La Rua Nova dos Mercadores se situait à peu près à l’emplacement de l’actuelle Rua do Comercio, derrière le Terreiro do Paço. Elle mesurait 286 mètres de long et 8,8 de large et était bordée de chaque côté par une quarantaine d’édifices dont le rez-de-chaussée était souvent un magasin. En 1552, on comptait onze librairies, vingt magasins de vêtements et tissus provenant d’Europe, d’Inde ou d’Extrême-Orient. En 1581 il y avait six magasins spécialisés dans la vente de porcelaine Ming et neuf apothicaireries !

En voyant les tableaux j’ai été intriguée par la clôture de fer, qui divise la rue en deux. L’auteur de l’article explique qu’elle donne son nom à la Rua Nova dos Ferros qui constitue la partie orientale de la Rua Nova dos Mercadores. A l’intérieur de cette clôture les commerçants et les banquiers bénéficiaient d’un espace semi-privatif pour mener leurs affaires, tandis que les habitants moins fortunés restaient en dehors.

On peut se demander comment les historiennes ont pu déterminer qu’il s’agissait d’une rue de Lisbonne alors qu’il semble n’y avoir aucun indice (j’imagine qu’elles l’expliquent dans leur livre mais il ne sera disponible qu’en janvier 2016). Après quelques recherches je pense que l’une des réponses se trouve justement dans cette clôture de fer. En effet le folio n°130 du livre d’heures dit de D. Manuel I attribué à António de Holanda, exécuté entre 1517 et 1551, qui représente le transfert du corps de D. João II (1455-1495) pour le monastère de Batalha ordonné par D. Manuel I en 1499, a pour décor la Rua Nova dos Mercadores (ou la Rua Nova del-Rei). Et si l’on zoome sur la page, qu’aperçoit-on à droite ? La clôture de fer !

Pour terminer disons que je suis impatiente d’avoir ce livre entre les mains, cet article m’a vraiment donné envie d’en savoir plus. Malheureusement pour moi, il est écrit en anglais…